Henri
de Navarre naquit à Pau le 13 décembre 1553. Prince de sang,
il héritait de sa mère d’un domaine considérable dans
le Sud-Ouest : la Navarre du nord des Pyrénées, le Béarn,
l’Albret, l’Armagnac, Foix et, plus au nord, le Périgord et la vicomté
de Limoges. Bien qu’il ait été baptisé en 1554, l’influence
de sa mère, protestante militante, le fit passer à la religion
réformée à partir de la fin de 1559.
Pour
tenter une réconciliation générale entre protestants
et catholiques, Jeanne d’Albret et Catherine de Médicis décidèrent
en 1572 le mariage d’Henri avec Marguerite de Valois (la Reine Margot).
À l’occasion des noces royales, profitant de la présence
à Paris d’un grand nombre de nobles protestants, les catholiques
tentèrent de décapiter le parti réformé. Le
22 août, un attentat fut dirigé contre l’amiral de Coligny,
qui en réchappa, mais, dans la nuit du 23 au 24 août 1572,
jour de la Saint-Barthélemy, les gardes du roi Charles IX assassinèrent
l’amiral, tandis que les compagnies de la milice tuaient près de
trois mille personnes. Henri de Navarre n’échappa au massacre, qui
se déroula jusque dans le palais du Louvre, qu’en abjurant, devant
Charles IX, la religion réformée.
Le
Navarrais représentait alors une menace pour le parti catholique
groupé autour des Guise et de Catherine de Médicis, qui cherchaient
à réduire les protestants à l’impuissance. Leur inquiétude
venait du fait que les fils d’Henri II n’avaient pas d’héritiers
mâles légitimes et que le Navarrais était l’héritier
présomptif du trône, descendant direct du sixième fils
de Saint Louis, Robert de Clermont. En vertu de la loi salique, Henri de
Navarre était le plus proche parent du roi par ordre de primogéniture,
bien que n’étant son parent qu’au vingt-deuxième degré.
A
la mort de Charles IX, Henri III monta sur le trône après
une courte régence de leur mère, Catherine de Médicis.
Henri de Navarre s’enfuit de Paris où il était retenu en
otage pour se faire reconnaître chef du parti réformé,
solidement retranché dans ses bastions, du Poitou au Languedoc.
La Paix de Beaulieu signée alors, indemnisait les victimes de la
Saint-Barthélemy, accordait la liberté de culte, et octroyait
des garanties militaires et juridiques aux protestants. Mais la situation
politique du royaume restait trouble ; les catholiques commençaient
à s’organiser en ligues. Henri de Navarre de son côté,
continuait sa politique d’indépendance vis à vis du pouvoir
royal. Il signat toutefois à Nérac, le 3 février 1579,
un traité qui confirmait l’édit de Poitiers et octroyait
aux protestants quinze places de sûreté pour six mois.
Mais
la septième guerre de Religion s’annonçait. Lors de cette
guerre, Henri de Navarre se fit reconnaître comme un chef de guerre
capable en enlevant Cahors au terme d’un court siège (28-31 mai
1580). La prise d’armes s’acheva par la paix de Fleix (26 novembre 1580),
par laquelle le Béarnais acceptait de rendre Cahors et La Fère
en échange du renvoi du maréchal de Biron, trop hostile aux
réformés.
Henri
III, s’allia alors aux Guise contre les protestants par le traité
de Nemours (7 juillet 1585). Les premières opérations militaires
de la «guerre des trois Henri» furent nettement défavorables
au Navarrais. Conscient de la faiblesse des forces protestantes, il fit
appel aux Allemands et aux Anglais d’Élisabeth Ire. Il accepta
de rencontrer Catherine de Médicis à Saint-Brice, le 13 décembre
1586 ; l’entrevue, cependant, ne donna aucun résultat. Les forces
royales, supérieures en nombre mais mal commandées, furent
malmenées par les protestants, qui, sous la direction d’Henri de
Navarre, furent vainqueurs à Coutras (20 octobre 1587).
Alors
que Paris tombaient dans les mains des ligueurs, l’assassinat des Guise
à Blois (23 et 24 décembre 1588) constitua un événement
politique majeur : Henri III basculait du côté d’Henri de
Navarre, en lequel il avait toujours souhaité voir son successeur,
à la condition que ce dernier se convertît au catholicisme.
Les troupes protestantes se joignirent alors aux soldats du roi, et marchèrent
de concert sur Paris tenue alors par la Ligue. |