Désormais,
le roi était seigneur en son royaume. Si Henri IV pratiqua à
merveille l’art de la bonhomie souriante, étant soucieux de son
image et de sa popularité, il n’en fut pas moins un monarque autoritaire.
Le
roi se voulait absolu, mais il écouta ses conseillers, qu’il prenait
soin de nommer et qu’il disgracia très rarement. Le plus remarquable
des ministres d’Henri IV fut Maximilien de Béthune, devenu duc de
Sully en 1606, qui entra au conseil des Finances dès 1596. Même
s’il n’occupa la première place au Conseil qu’à partir de
1605, Sully y joua très rapidement un rôle éminent.
Il mena une politique de rigueur, réduisit les impôts directs
et réussit à renflouer les caisses de l’État.
Le
principal acquis du règne fut à l’évidence la paix
retrouvée, qui permit au royaume, durement éprouvé
par quarante ans de troubles, de se relever.
Malheureusement,
la réalité ne correspondait pas à la vision idyllique
du paysan trouvant chaque dimanche sa «poule au pot» sur sa
table, ce qui explique les nombreuses révoltes paysannes que connut
le règne d’Henri IV.
Sur
le plan industriel, le nouveau royaume assura la promotion d’activités
nouvelles : tapisserie des Gobelins, dentelles de Senlis, verrerie de Melun,
draperies de Reims ou de Senlis. Le redressement du commerce extérieur
donna lieu à des traités avec l’Angleterre et la Turquie.
Henri IV souhaita également renouer avec la politique coloniale
entamée par François Ier : après plusieurs essais
infructueux outre-Atlantique, Champlain fonda Québec en 1608.
Le
renouveau du mécénat royal au Louvre, où Henri IV
fit construire la Grande Galerie, est un signe du dynamisme retrouvé.
Fontainebleau et Saint-Germain, sans oublier les places nouvelles de Paris
et l’achèvement du Pont-Neuf, en sont la preuve. Henri IV s’intéressa
à l’urbanisme ; il fit tracer soixante-huit nouvelles rues dans
Paris, et projeta de nombreuses réalisations dont certaines ne virent
le jour qu’après son assassinat. Paris fut ainsi l’objet de l’attention
vigilante du roi, ce qui s’explique par l’installation de la cour à
Paris faisant de la cité la capitale du royaume.
À
la suite de l’édit de Nantes, le roi, qui comptait de nombreuses
conquêtes féminines, songea à épouser sa maîtresse
en titre, Gabrielle d’Estrées. La mort de celle-ci (empoisonnée
?) amena Henri à reporter son intérêt sur une princesse
italienne, Marie de Médicis, dont l’oncle, le grand-duc de Toscane,
détenait une énorme créance sur le roi de France.
Après dissolution de son mariage avec Marguerite de Valois, Henri
IV épousa Marie allégeant du même coup la dette de
la France.
Le
27 septembre 1601, à Fontainebleau, naquit le futur Louis XIII.
Marie de Médicis donna encore naissance à Élisabeth
(1602), qui deviendra reine d’Espagne, Christine (1606), Nicolas (1607),
qui mourra à l’âge de quatre ans, Jean-Baptiste Gaston (1608),
futur duc d’Orléans, et Henriette (1609), future reine d’Angleterre.
À partir de 1604, Henri IV souhaita que tous ses enfants, légitimes
et légitimés, soient élevés ensemble, au grand
scandale de la reine.
A
partir de 1596, Henri eut à faire face aux complots organisés
par le maréchal de Biron, gouverneur de la Bourgogne qui se rapprocha
de l’Espagne, du duc de Savoir et du Vicomte de Turenne. Mais Henri veillait…
En 1604, la maîtresse du roi, Henriette d’Entragues, complota à
son tour, mais le complot fut dénoncé par Marguerite de Valois.
La
politique extérieure restait dominée par les affrontements
européens, le plus souvent liés à des questions religieuses.
Face à l’Espagne, champion du catholicisme, que suivaient l’Italie
et l’Allemagne du Sud, l’Europe du protestantisme regroupait l’Angleterre
de Jacques Ier Stuart, les Provinces-Unies et les principautés d’Allemagne
du Nord. La France faisait figure d’arbitre, et sa puissance militaire
était désormais égale sinon supérieure à
celle des Habsbourg. La succession du duché de Clèves (1609)
qui réveilla les rivalités entre le France et l’Espagne,
entraîna la levée d’une armée importante, qui fut perçue
en France comme une décision hostile au parti catholique.
Le
début de la campagne était prévu pour le 19 mai 1610
; le 14, alors que le carrosse royal s’était mis au pas dans la
rue de la Ferronnerie, une silhouette se dressa à la portière
et frappa Henri IV. Le roi, mortellement blessé de deux coups de
couteau, mourut au Louvre quelques minutes plus tard. L’assassin, François
Ravaillac, fut écartelé en place de Grève le 27 mai
1610. Henri IV fut inhumé à Saint-Denis le 1er juillet 1610.
Sa mort brutale fit oublier ses erreurs et c’est ainsi que naquit la légende
qui fit de son règne un âge d’or. |