Accent
«
(Il vivait là) et puis aussi avec ce terrible accent espagnol qui
est comme une seconde personne tellement il est fort. »
Amour
«
L’amour, c’est l’infini mis à la portée des caniches. »
Amours
contrariés
«
Les amours contrariés par la misère et les grandes distances,
c’est comme les amours de marin, y a pas à dire c’est irréfutable
et c’est réussi. »
Confusion
«
Décidément j’avais l’âme débraillée comme
une braguette. »
Courage
«
Je ne sais plus comment nous y parvînmes, mais je suis certain d’une
chose,c’est qu’on me remit dès l’arrivée entre les mains
d’un curé qui me sembla si gâteux lui aussi que de le sentir
à mon côté ça me redonna comme une espèce
de courage comparatif. »
Dormir
«
J’économisais pour ma part cette envie de somnoler et je me la réservai
pour la nuit. Les peurs survivantes de la journée éloignent
trop souvent le sommeil et quand on a la veine de se constituer, pendant
qu’on le peut, une petite provision de béatitude, il faudrait être
un imbécile pour la gaspiller en futiles roupillons préalables.
Tout pour la nuit. C’est ma devise. Il faut tout le temps songer à
la vie.»
Dormir
«
Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez leur seulement
s’ils peuvent dormir encore ?... Si oui, tout va bien. Ca suffit. »
Fadaise
«
Entre autres fadaises, j’ai songé à l’étude de l’influence
comparative du chauffage central sur les hémorroïdes dans les
pays du Nord et du Midi. »
Fuite
«
Je l’aimais bien, sûrement, mais j’aimais encore mieux mon vice,
cette envie de m’enfuir de partout, à la recherche de je ne sais
quoi, par un sot orgueil sans doute, par conviction d’une espèce
de supériorité. »
Guerre
(refus de la)
«
- Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand !
Vous êtes répugnant comme un rat…
-
Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout
ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne
pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous
les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec
eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et
moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison,
parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus
mourir. »
Intellectuel
(vice d’)
«
Il avait le vice des intellectuels, il était futile. Il savait trop
de choses ce garçon là et ces choses l’embrouillaient. Il
avait besoin de tas de trucs pour s’exiter, se décider. »
Mère
«
On a de tout chez sa mère, pour toutes les occasions de la Destinée.
Il suffit de savoir choisir. »
Mots
(force des)
«
Des mots, il y en a des cachés parmi les autres, comme des cailloux.
On les reconnaît pas spécialement et puis les voilà
qui font trembler pourtant toute la vie qu’on possède, et tout entière,
et dans son faible et dans son fort… C’est la panique alors… Une avalanche…
On en reste là comme un pendu, au-dessus des émotions… C’est
une tempête qui est arrivée, qui est passée, bien trop
forte pour vous, si violente qu’on l’aurait jamais crue possible rien qu’avec
des sentiments… Donc on ne se méfie jamais assez des mots, c’est
ma conclusion. »
Mourir
«
Quand on n’a pas d’imagination, mourir c’est peu de chose, quand on en
a, mourir c’est trop. »
Odeurs
«
C’est par les odeurs que finissent les êtres, les pays et les choses.
Toutes les aventures s’en vont par le nez. »
Peur
«
C’est peut-être de la peur qu’on a le plus besoin dans la vie. Je
n’ai jamais voulu quant à moi d’autres armes depuis ce jour, ou
d’autres vertus. »
Pragmatisme
«
Pour bouffer moi je comprends ce qu’on veut, ce n’est plus de l’intelligence,
c’est du caoutchouc. »
Rasage
«
Il se rasait de temps à autre Parapine, mais il conservait cependant
aux méplats des joues toujours assez de poils pour avoir l’air d’un
évadé. »
Rente
«
La mort n’est après tout qu’une question de quelques heures, de
minutes même, tandis qu’une rente c’est comme la misère, ça
dure toute la vie. »
Temps
gris
«
Pour un temps triste et confidentiel on ne pouvait pas mieux désirer
que le temps qu’il faisait dehors. On aurait dit tellement il était
vilain le temps, et d’une façon si froide, si insistante, qu’on
ne reverrait jamais plus le reste du monde en sortant, qu’il aurait fondu
le monde, dégoûté. »
Toulouse
«
Une belle ville Toulouse ! »
Trahison
«
Trahir, qu’on dit, c’est vite dit. Faut encore saisir l’occasion. C’est
comme d’ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde
en a envie, mais c’est rare qu’on puisse. »
Vanité
«
Il n’y a pas de vanité intelligente. C’est un instinct. Il n’y a
pas d’homme non plus qui ne soit avant tout vaniteux. »
Voyage
imaginaire
«
Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout
le reste n’est que déception et fatigues. Notre voyage à
nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force.
Il
va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout
est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire fictive. Littré
le dit, qui ne se trompe jamais.
Et
puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les
yeux.
C’est
de l’autre côté de la vie. »
Voyage
intérieur (fin du)
«
Là-bas tout au loin, c’était la mer. Mais j’avais plus rien
à imaginer moi sur elle la mer à présent. J’avais
autre chose à faire. J’avais beau essayer de me perdre pour ne plus
me retrouver devant ma vie, je la retrouvais partout simplement. Je revenais
sur moi-même. Mon trimbalage à moi, il était bien fini.
A d’autres !… Le monde était refermé ! Au bout qu’on était
arrivés nous autres !… |