La bataille dAusterlitz (1810)
Dans ses Mémoires, le général Baron de Marbot
décrit ainsi le célèbre tableau:
« Le peintre Gérard dans son tableau de la bataille d’Austerlitz,
a pris pour sujet le moment où le général Rapp,
sortant du combat, blessé, tout couvert de sang des ennemis et
du sien, présente à l’Empereur les drapeaux qui viennent
d’être enlevés, ainsi que le prince Repnin, fait prisonnier.
J’étais présent à cette scène imposante,
que ce peintre a reproduite avec une exactitude remarquable. Toutes
les têtes sont des portraits, même celle de ce brave chasseur
à cheval qui, sans se plaindre, bien qu’ayant le corps traversé
d’une balle, eut le courage de venir jusqu’à l’Empereur et tomba
raide mort en lui présentant l’étendard qu’il venait de
prendre !... Napoléon, voulant honorer la mémoire de ce
chasseur, prescrivit au peintre de le placer dans sa composition. On
remarque aussi dans ce tableau un mameluk, qui, portant d’une main un
drapeau ennemi, tient de l’autre la bride de son cheval mourrant. Cet
homme nommé Mustapha, connu dans la garde pour son courage et
sa férocité, s’était mis pendant la charge à
la poursuite du grand-duc Constantin, qui ne se débarrassa de
lui qu’en lui tirant un coup de pistolet, dont le cheval du mameluk
fut grièvement blessé. Mustapha, désolé
de n’avoir qu’un étendard à offrir à l’Empereur,
dit dans son jargon, en le lui présentant : ’ Ah ! si moi joindre
prince Constantin, moi couper tête et moi porter à l’Empereur
!... ’ Napoléon, indigné, lui répondit : ’ Veux-tu
bien te taire, vilain sauvage ! ’ »
On complètera cette description en mentionnant que :
- Napoléon porte la tenue verte de colonel des chasseurs à
cheval de la garde ; il monte Cyrus qui après la bataille sera
rebaptisé Austerlitz ;
- A ses côtés sont représentés Berthier,
major général de la Grande Armée, Bessières,
commandant la cavalerie de la garde, Junot, aide de camp de l’Empereur,
Duroc et le colonel Lebrun
- Une autre scène célèbre est également
reprise : celle de l’officier russe qui se plaint d’être déshonoré
pour avoir perdu sa batterie, auquel Napoléon rétorque
" Calmez-vous, jeune homme, et sachez qu’il n’y a jamais de honte
à être vaincu par des Français ".
- Les étangs gelés en haut à gauche de la composition
se trouvent en réalité à plus de dix kilomètres
du sommet du plateau de Pratzen où se passe la scène
;
- Guizot, publiciste sous l’Empire, écrivit au sujet de cette
peinture: " Quelle sagesse dans l’ordonnance générale
et quelle adresse dans la combinaison des groupes [
] rien d’embarrassé,
rien de confus. "
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