Les
trois slogans du parti
«
La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance
c’est la force. »
Slogan
du parti (autre)
«
les prolétaires et les animaux sont libres. »
Mensonge
«
Si tous les autres acceptaient le mensonge imposé par le Parti –
si tous les rapports racontaient la même chose – le mensonge passait
dans l’histoire et devenait vérité. « Celui qui a le
contrôle du passé », disait le slogan du Parti, «
a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent
a le contrôle du passé. »
Histoire
(refaire l’)
«
Lorsque toutes les corrections qu’il était nécessaire d’apporter
à un numéro spécial du Times avaient été
rassemblées et collationnées, le numéro était
réimprimé. La copie originale était détruite
et remplacée dans la collection par la copie corrigée.
Ce
processus de continuelles retouches était appliqué, non seulement
aux journaux, mais aux livres, périodiques, pamphlets, affiches,
prospectus, films, enregistrements sonores, caricatures, photographies.
Il était appliqué à tous les genres imaginables de
littérature ou de documentation qui pouvaient comporter quelques
signification politique ou idéologique. Jour après jours,
et presque minute par minute, le passé était mis à
jour. On pouvait ainsi prouver, avec documents à l’appui, que les
prédictions faites par le Parti s’étaient trouvées
vérifiées. Aucune opinion, aucune information ne restait
consignée, qui aurait pu se trouver en conflit avec les besoin du
moment. L’Histoire toute entière était un palimpeste gratté
et réécrit aussi souvent que c’était nécessaire.
Le changement effectué, il n’aurait été possible en
aucune cas de prouver qu’il y avait eu falsification. »
Penser
(crime de)
«
Le crime de penser n’entraîne pas la mort. Le crime de penser est
la mort. »
Relativisme
«
Le Parti finirait par annoncer que deux et deux font cinq et il faudrait
le croire. Il était inéluctable que, tôt ou tard, il
fasse cette déclaration. La logique de sa position l’exigeait. Ce
n’était pas seulement la validité de l’expérience,
mais l’existence d’une réalité extérieure qui était
tacitement niée par sa philosophie. L’hérésie des
hérésies était le sens commun. Et le terrible n’était
pas que le Parti tuait ceux qui pensaient autrement, mais qu’il se pourrait
qu’il eût raison.
Après
tout, comment pouvons-nous savoir que deux et deux font quatre ? Ou que
la gravitation exerce une force ? Ou que le passé est immuable ?
Si le passé et le monde extérieur n’existent que dans l’esprit
et si l’esprit est susceptible de recevoir des directives. Alors quoi ?
(…) La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux
font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit. »
Novlangue
«
Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre
les limites de la pensée ? A la fin, nous rendrons littéralement
impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour
l’exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés
par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité.
Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées.
(…) Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience
de plus en plus restreint. »
Prolétaires
«
Il n’était pas nécessaire que les prolétaires puissent
avoir des sentiments politiques profonds. Tout ce qu’on leur demandait,
c’était un patriotisme primitif auquel on pouvait faire appel chaque
fois qu’il était nécessaire de leur faire accepter plus d’heures
de travail ou des rations plus réduites. Ainsi, même quand
ils se fâchaient, comme ils le faisaient parfois, leur mécontentement
ne menait nulle part car il n’était pas soutenu par des idées
générales. Ils ne pouvaient le concentrer que sur des griefs
personnels et sans importance. Les maux les plus grands échappaient
invariablement à leur attention. »
Logique
du Parti
«
Winston ne savait pas pourquoi Withers avait été disgracié.
Peut-être était-ce pour corruption ou incompétence.
Peut-être Big Brother s’était-il simplement débarrassé
d’un subordonné trop populaire. Peut-être Withers ou un de
ses proches avait-il été suspect de tendances hérétiques.
Ou, ce qui était le plus probable, c’était arrivé
simplement parce que les épurations et les vaporisations font nécessairement
partie du mécanisme de l’Etat. »
Disparitions
«
C’était toujours la nuit. Les arrestations avaient invariablement
lieu la nuit. Il y avait le brusque sursaut du réveil, la main rude
qui secoue l’épaule, les lumières qui éblouissent,
le cercle de visages durs autour du lit. Dans la grande majorité
des cas, il n’y avait pas de procès, pas de déclarations
d’arrestation. Des gens disparaissaient, simplement, toujours pendant la
nuit. Leurs noms étaient supprimés des registres, tout souvenir
de leurs actes était effacé, leur existence était
niée, puis oubliée. Ils étaient abolis, rendus au
néant. Vaporisés, comme on disait. »
Hérétique
(conversion de l’)
«
Vous êtes une paille dans l’échantillon, Winston, une tache
qui doit être effacée. Est-ce que je ne viens pas de vous
dire que nous sommes différents des persécuteurs du passé
? Nous ne nous contentons pas d’une obéissance négative,
ni même de la plus abjecte soumission. Quand, finalement, vous vous
rendez à nous, ce doit être de votre propre volonté.
Nous ne détruisons pas l’hérétique parce qu’il nous
résiste. Tant qu’il nous résiste, nous ne le détruisons
jamais. Nous le convertissons. Nous captons son âme, nous lui donnons
une autre forme. Nous lui enlevons et brûlons tout mal et toute illusion.
Nous l’amenons à nous, pas seulement en apparence, mais réellement,
de cœur et d’âme. Avant de le tuer, nous en faisons un des nôtre.
»
Pouvoir
«
Le Parti recherche le pouvoir pour le pouvoir, exclusivement pour le pouvoir.
Le bien des autres ne l’intéresse pas. Il ne recherche ni la richesse,
ni le luxe, ni une longue vie, ni le bonheur. Il ne recherche que le pouvoir.
Le pur pouvoir. »
L’homme
(est la mesure de tout)
«
Avant l’homme, il n’y avait rien. Après l’homme, s’il pouvait s’éteindre,
il n’y aurait rien. Hors de l’homme, il n’y a rien. »
Souffrir
«
Comment un homme s’assure-t-il de son pouvoir sur un autre Winston ?
Winston
réfléchit : ‘en le faisant souffrir, répondit-il.
-
Exactement. En le faisant souffrir. L’obéissance ne suffit pas.
Comment, s’il ne souffre pas peut-on être certain qu’il obéit,
non à sa volonté, mais à la nôtre ? Le pouvoir
est d’infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer
l’esprit humain en morceaux que l’on rassemble ensuite sous de nouvelles
formes que l’on a choisies. » |