Les Français et les vacances
Heureux comme Dieu en France
Ce sont les étrangers qui ont donné à la France une réputation de pays où il fait bon vivre, de terre bénie des dieux (un proverbe allemand ne dit-il pas « heureux comme Dieu en France »), qui a inventé le French cancan et la Côte d’Azur. Par extension, ses habitants sont perçus comme épicuriens alors que finalement, ils travaillent plus que bon nombre d’habitants de pays du nord (les Néerlandais par exemple sont depuis longtemps à 32 heures de travail par semaine).
Les congés obligatoires instaurés en 1936 par le Front Populaire font également partie des mythes fondateurs du Français épicuriens même s’il faut savoir que les Français partaient déjà en vacances avant cette date (ils ont juste été généralisés) et à l’époque plutôt moins que leurs voisins anglais ou allemands.
Le concept de congés a évolué avec le temps : à l’origine, les vacances sont plus subies que choisies. On va d’abord rendre visite à sa famille. Avec la prospérité, le temps des destinations lointaines et des résidences secondaires avec piscine est arrivé. En Mai 1968, la rupture est consommée entre les jeunes qui sacs au dos vont parcourir l’Europe alors que leurs parents privilégient les voyages organisés. Les vacances aujourd’hui sont d’abord l’occasion de recréer du lien social en se retrouvant entre soi, même si les vacances actives semblent encore à la mode. L’important est moins de « faire » que d’ « être ».
A terme, on peut penser que les Français vont multiplier les courts séjours en combinant cette tendance par l’envie de longs voyages que l’on prendra au moment de la retraite ou de congés sabbatiques. Les jeunes devront compter sur leurs grands-parents pour financer leurs voyages tandis que ces derniers, héritier d’une période révolue, profiteront de leurs hauts revenus pour multiplier les voyages voire partager leur temps entre la France et un pays méditerranéen à bas coût comme la Grèce ou le Maroc à l’image des retraités canadiens qui passent les mois d’hivers en Floride.
Crédit photo: Le Tréport, 1928, Didier Grouard, L’oeil photographique